Ce lundi 23 septembre 2024 se déroule au DK le finissage de l’exposition Hollywood Boulev’art, vol. 2, réunissant des tableaux, des sculptures, des dessins, des assemblages produits dans le lieu-même au cours de la saison écoulée. Il reste donc peu de temps pour découvrir ces travaux.
A l’initiative de cette manifestation, qui propose les œuvres de 14 artistes : Jehanne Bouzennounn, plasticienne venue de Brest s’installer à Bruxelles. Quand elle est entrée aux Beaux-Arts, l’élitisme du monde de l’art l’agaçait. Encore étudiante, elle a réalisé des fresques avec des jeunes en situation de précarité, pour le compte de l’association Don Bosco de Bretagne. En travaillant sur les murs de la ville, elle a côtoyé des gens pour qui la rue n’est pas un espace d’expression, mais de relégation, où ils sont contraints d’essayer de survivre.
Street people : des personnes toxicomanes, des personnes souffrant de troubles mentaux, qui n’ont pas forcément des moyens d’accès à l’art, Jehanne en a aussi rencontrés durant sa formation en art-thérapie à la HELB de Bruxelles, lors d’un stage à l’asbl Dune. Elle y propose un atelier artistique. C’était le temps du covid : on ne pouvait pas travailler à l’intérieur. Pour contacter des participants, elle accompagne ses collègues dans leurs maraudes, surtout au medibus, emportant avec elle un enregistreur de manière à pouvoir amorcer un travail créatif sonore avec celles et ceux qu’elle rencontre dans la rue.
C’est dans ce parcours éminemment politique qu’on trouve l’origine de l’atelier qu’elle anime depuis deux ans au DK. Dans un premier temps, l’association Arts & Publics l’a engagée sous le statut d’Article 60 et lui a donné les moyens d’acheter du matériel et de lancer l’activité. Par la suite, elle a continué en bénéficiant d’un Contrat de quartier de la commune de Saint-Gilles. Jehanne accueille les participants à leur rythme, pendant des périodes d’une durée variable.
Les ateliers sont individuels. Ils creusent l’expression singulière, parfois très intimes. Certains participants n’hésitent pas à explorer leurs problèmes psychiatriques. Quand la personne commence à se sentir à l’aise, à savoir vers quoi elle veut aller, qu’elle maîtrise son matériel et arrive à travailler de façon autonome, alors seulement Jehanne lui propose d’accueillir quelqu’un d’autre en même temps. Souvent, la réponse est positive et des échanges se créent entre les participants.
Comment se déroule l’accompagnement ? « C’est un peu comme si j’étais leur assistante, explique Jehanne. Souvent les personnes me présentent leurs idées. Moi, je leur propose des médiums qui peuvent les intéresser pour ce qu’elles ont à faire. Ensuite on réfléchit ensemble à la mise en œuvre. Je vais chercher le matériel dont elles ont besoin pour finaliser leur travaux, trouver des moyens d’accrochage, de fixations etc. Je leur donne des conseils sur mes techniques. Mais on a aussi des discussions sur la culture artistique. J’essaie de trouver des artistes qui soient dans le même univers qu’elleux. Parfois, à l’inverse, ce sont elleux qui me font découvrir des artistes et des œuvres. Il arrive aussi qu’au lieu de travailler en atelier, on aille voir une expo ensemble. Le rapport n’est pas unilatéral, on est dans l’échange. »
L’exposition réunit toutes les œuvres produites durant la saison écoulée. Un des objectifs de Jehanne est que les artistes présents au DK puissent également être montrés dans des galeries, par exemple chez Art et Marges, parce qu’ils sont talentueux. Elle recherche par ailleurs des financements pour pouvoir collaborer avec d’autres, psychologue, éducateur/trice ou assistant.e social.e. Les donateurs sont les bienvenus…