Que la ZAD vive, que vive la ZAD
RDV À BRUXELLES LE 1er JOUR DE L’EXPULSION DE LA ZAD DE
NOTRE-DAME-DES-LANDES, à 18H, PLACE DU JEU DE BALLE.
La ZAD de NDDL n’est pas qu’une lutte de défense de territoire ; elle est
l’incarnation de ce que tant de textes, de discours et de tentatives
fragmentées ou isolées essayent d’approcher depuis des décennies en
Europe : une brèche explosive et fertile dans le règne étouffant de
l’économie.
C’est une intense expérimentation d’habitats, d’autonomie et de liens
parfois improbables. C’est une puissance de vie et d’attraction créée
par un mouvement hétérogène et conflictuel, avec ses pratiques
multiples, ses rebonds surprenants, sa détermination inventive et son
humour décapant. Tout cela, autant que l’enterrement définitif de ce
foutu aéroport après 50 ans de luttes, nous y sommes profondément
attachés.
C’est cela que certains d’entre nous viennent défendre ce week-end en
rejoignant la résistance contre la tentative d’expulsion annoncée pour
ce lundi.
C’est cela aussi qui nous donne force et inspiration, qui nous montre
qu’il n’est pas vain de combattre ici aussi la gestion agressive de la
ville (contre la construction d’une maxi-prison à Haren, le projet de
marina sur le canal, ou les projets d’aménagement pour touristes dans
nos chères Marolles) comme de résister aux attaques et aux expulsions
des occupations de lieux par des migrants ou d’autres personnes en
lutte.
Si d’aventure l’expulsion et les destructions ont bel et bien lieux,
nous viendrons reconstruire à vos côtés, et si les tensions internes
parfois irréconciliables reprennent trop de place, nous vous souhaitons
ardemment à toutes et tous, pour reprendre les mots du Collectif ZAD
Lyon, « de trouver encore et toujours les ressources, l’inventivité, la
patience, la combativité et la bienveillance nécessaires » pour que ce
lieu exceptionnel continue à inspirer la suite du monde.
Nous invitons les bruxellois à se rassembler le jour du lancement de
l’opération d’expulsion à 18H, Place du Jeu de Balle.
L’Amicale Bruxelles/Notre-Dame-Des-Landes
Nous étions 8000!
NOUS etions 8000!
Le 13 janvier enfin, la manifestation, toujours co-organisée par AAdTP, a rassemblé environ 8000 personnes à la gare du Nord, cette fois, afin de vérifier si le secrétaire d’Etat avait obtempéré à son ODG. Une telle participation n’était pourtant pas écrite dans les astres. Voir des images ici et les journaux télévisé de la RTBF, de RTL et de BX1.
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Nous sommes 8000!!! #franckenbuiten
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Ordre de quitter le gouvernement
ORDRE DE QUITTER LE GOUVERNEMENT
Theo Francken reçoit son ordre de quitter le gouvernement lors du drink des meilleurs voeux de fedasil au Markten.
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Un café, c’est tout un monde
UN CAFÉ, C’EST TOUT UN MONDE
Ixelles. La fermeture annoncée d’un vieux bistrot d’habitués pour le remplacer par un « concept » branché a provoqué une vague de protestations. Les habitants du quartier s’opposent à ce processus de gentrification. Mais la multinationale AB InBev, à qui appartient le commerce, est restée intraitable. Petite histoire d’une lutte urbaine, où comme souvent, le local rejoint le global.
Le café Le Coq aurait dû fermer définitivement ce jeudi 28 décembre à quatre heures et demi mais en début de soirée, il y avait encore du monde. Difficile de mettre à la porte des clients venus témoigner de leur soutien et profiter encore quelques heures de ce lieu où ils avaient vécu, entre habitués, tant de moments chauds. Pourtant, il n’y avait presque plus rien à boire. Les tonneaux étaient vides, il ne restait que quelques bouteilles de Leffe ou de Gueuze Bellevue et des limonades. Pas de quoi faire la fête.
Alors, certains avaient amené leurs propres bouteilles. Pour Paul c’était un peu la routine : il avait toujours avec lui ses canettes de bière sans alcool, au cas où. Marcel avait amené une bouteille de vin rouge que le serveur avait bien voulu lui déboucher, en lui apportant deux verres. Il conseillait à Philippe de sortir la bouteille de blanc qu’il venait d’acheter dans un magasin de proximité à l’enseigne d’une grande chaîne, mais Philippe préférait attendre encore un peu, que Michelle revienne du boulot.
– Mais la voilà, Michelle ! C’est à cette heure-ci que tu arrives ?
– Je ne pouvais pas faire plus tôt, la boutique ferme à six heures et demi. On a eu des gens chiants aujourd’hui. Pff !
– T’inquiète. Y a du vin blanc qui t’attend. Mais peut-être tu n’aimes pas ça, le vin blanc.
Et tout le monde d’apprécier la taquinerie, parce qu’on le sait qu’elle aime le blanc, et pas qu’un peu. Où ira-t-on s’amuser, quand le café aura fermé ?
Les tonneaux, c’est normalement la brasserie AB InBew qui les livre. C’est elle qui fournit à peu près tout, d’ailleurs, parce que l’établissement lui appartient. Mais les maîtres de la brasserie ont décidé de virer les tenanciers actuels. Ils estiment que le lieu a un potentiel commercial tel, vu la gentrification accélérée du quartier où il se situe, qu’il mérite un autre gestionnaire et une clientèle mieux à même de contribuer à transformer ce potentiel en monnaie effective, sonnante et trébuchante. Il faut dire que Le Coq, jusqu’à ce jour de fermeture, c’était un vieux bistrot qui rassemblait essentiellement des gens du coin, y compris les usagers d’une institution psychiatrique voisine, pas spécialement branchés sur les boissons à la mode, pas forcément fichus d’aider les proprios d’AB InBev à remplir leur portefeuille rapidement. Un portefeuille qui est déjà bien rempli, comme on peut le lire sur le site de l’entreprise : ce brasseur «leader au niveau mondial» est «présent dans 50 pays avec un portefeuille de plus de 400 marques de bière», notamment, pour la Belgique, Stella Artois, Jupiler, Leffe, Hoegaarden et Belle-Vue. Mais en matière de leadership, qui n’avance pas, recule, c’est bien connu. Et pour avancer, il faut toujours plus d’argent.
Parmi les principaux propriétaires de cette multinationale figure la famille de Spoelberch. D’après le magazine Trends , «sur base du cours de bourse de 107 euros par action d’AB InBev, la fortune de la famille de Spoelberch, du moins de la partie de la famille qui vit dans le domaine de Wespelaar près de Haacht, s’élève à 14 milliards d’euros.» La famille aime la discrétion. Plusieurs de ses membres vivent à l’abri des regards dans ce domaine de Wespelaar, qui fait 90 hectares (l’équivalent d’un carré de 950 mètres de côté). Et ils n’ont donc pas trop aimé que la presse parle d’eux à l’occasion des Luxleaks ou des Panama Papers. Comme l’expliquait La Dernière Heure en avril 2016 : «c’est maintenant au tour de membres de la famille de Spoelberch d’être associés à ce dossier d’évasion fiscale. Il s’agit de Rodolphe de Spoelberch (58 ans), Patrice (37 ans) et Alexis Bailo de Spoelberch (34 ans) (…) Le service de presse d’AB InBev, contacté par Knack, a indiqué que les actionnaires familiaux du groupe ne souhaitaient pas réagir aux questions des médias.»
Quand la brasserie a annoncé aux exploitants du Coq (trois couples qui vivent depuis sept ans de leur travail au café) qu’elle ne renouvellerait pas son bail, une résistance s’est organisée. Les sympathisants du lieu ont lancé une pétition, alerté la presse et les autorités communales, imprimé des tracts, ouvert une page Facebook (à l’adresse Touche pas à mon coq ). Une action a été lancée pour détourner le slogan bien connu «Les hommes savent pourquoi.»
Le café devait fermer en juin dernier. Une action en justice a permis d’obtenir un sursis jusqu’à la fin décembre, et les jours ont commencé à raccourcir. Les autorités communales n’ont en définitive rien fait d’autre qu’écrire à la brasserie, qui est restée sur ses positions : « Nous sommes convaincus qu’un nouveau concept attrayant nous permettra d’apporter une contribution supérieure à ce quartier » répond systématiquement l’attaché de presse de l’entreprise. Des responsables politiques auraient-ils pu s’attaquer au droit des propriétaires à disposer de leurs biens comme ils entendent sans se soucier des usagers actuels ? Impensable!
Dès lors, il a fallu faire son deuil: c’en était fini du Coq. Pendant que les derniers clients s’attardaient, quelques personnes ont commencé à transformer le café en salon funéraire. De lourdes tentures noires ont été suspendues au plafond et l’on a disposé sur une table, bien visible de l’extérieur, le cercueil du Coq. C’est une sculpture en plâtre peint, qui a été réalisée par un habitué du café. Un coq aux cuisses dodues repose sur le couvercle du cercueil, la tête appuyée sur un coussin, les ailes déployées et garnies de plumes – véritables, les plumes, mais peintes en imitation bois. La dépouille est entourée des portraits de tous les proches qui veillent sur elle. Les funérailles ont été conçues comme une fête populaire, avec fanfare et tout le bastringue pour accompagner le cercueil dans sa balade à travers le quartier. Une manière de faire un dernier pied de nez à ceux qui s’autorisent à décider seuls de ce qui est bon pour l’avenir du quartier.
CC-BY-NC-ND Nicolas Jacqmin
Les gens d’AB InBev apprécieront-il cet esprit de dérision ? Sans aucun doute. Car, outre l’état de leur fortune et l’ampleur de leurs revenus, les maîtres de l’orge ont une autre caractéristique méconnue : leur immense sens de l’humour. Cet humour sans bornes qui leur fait écrire sur leur site : « De par son engagement à être la Meilleure Entreprise Brassicole qui Unit les Gens pour un Monde Meilleur, AB InBev est leader du secteur brassicole en matière d’entreprenariat socialement responsable. » Avec des majuscules qui soulignent avec emphase et majesté à quel point ils adorent se moquer du monde, quand ce n’est pas le leur.